Interventions RIPPOC 2018
Retrouvez ici les questions posées pendant la manifestation qui n'ont pu faire l'objet de réponses en direct.
Qu'en est-il des pratiques en humaines (hospitalières et consultations courantes) pour une baisse des ATB ?
Gilles Salvat :
Depuis le début des années 2000, la France mène une politique de maîtrise de l’antibiorésistance. Plusieurs plans antibiotiques ont été mis en œuvre en santé humaine et animale. Néanmoins En France, en 2016, la consommation d’antibiotiques reste de 40% supérieure à celle de la moyenne de nos voisins européens, et 3 fois supérieure à celle des Pays-Bas. Cette surexposition aux antibiotiques accroit le risque de développement des résistances bactériennes. Il est donc nécessaire d’aller plus loin en intensifiant les actions menées et en renforçant la coordination entre les différents secteurs concernés (humain, animal, environnemental). Il s’agit ainsi d’appliquer le concept « une seule santé » préconisé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). L’objectif est de diminuer d’au moins 25% la consommation d’antibiotiques en France d’ici 2020.
Qu'en est-il en canine-équine ? encore du chloramphénicol (en pommade) et laissé aux clients pour les soins post-consultation !!
Gilles Salvat :
Encore trop élevé pour chiens chats : en ALEA (animal level of exposure to antibiotics) les carnivores domestiques sont l’espèce la plus consommatrice après le lapin.
Pour les chevaux : faible exposition
Répartition des ventes 2017 entre les différentes espèces en tonnage de poids vif traité et en indicateur d'exposition ALEA
Comparaison de l'ALEA chats et chiens en 2011 et 2017
Evolution de l'exposition des carnivores domestiques par voie d'administration depuis 1999 (ALEA)
Concernant les chiffres de consommation d'antibiotiques : sur quels bases ces chiffres sont recueillis ? Déclaration des prescriptions vétérinaires ou déclaration des laboratoires pharmaceutiques ?
Gilles Salvat :
Ce suivi est réalisé avec la participation du Syndicat de l'industrie du médicament et réactif vétérinaires (SIMV). Il est basé sur une déclaration annuelle des ventes d'antibiotiques par les laboratoires qui les commercialisent. Les laboratoires fournissent également une estimation de la répartition des ventes de médicaments par espèce de destination. Les informations recueillies auprès des laboratoires couvrent 100 % des médicaments autorisés.
Comment influencer la recherche de nouveaux antibiotiques ? Car les firmes pharmaceutiques y ont peu d'intérêt car deviendront des antibiotiques de réserve peu commercialisés
Gilles Salvat : Effectivement : il vaut mieux encourager la recherche sur les alternatives qui incluent également les nouvelles méthodes d’élevage.
Isabelle Rouault : Effectivement difficile en médecine vétérinaire car si un nouvel antibiotique était découvert, il serait certainement réservé à l'homme. Les recherches sur des traitements "alternatifs" comme les phages par exemple pourraient en revanche fournir des solutions utilisables en humaine comme en véto, ce type de recherches est encouragé ds le plan Ecoantibio.
Grande avancée sur les produits issus des pays tiers : quelle puissance de contrôle a-t-on sur les allégations avancées comparé au suivi tel que réalisé chez vous ? (DGAL, DDPP, ANSES, vétos sanitaires,…)
Isabelle Rouault :
Un pays tiers doit être autorisé pour pouvoir importer : la Commission diligente des "audits" réalisés par l'équipe d'inspecteurs de la DG santé et sécurité alim (ex OAV). ce sont des inspections sur place, auprès des différents opérateurs de la chaîne (fourche à fourchette) et des autorités, de manière à s'assurer en particulier de la fiabilité des contrôles mis en oeuvre par les autorités locales. Lorsque le règlement entrera en application, la vérification du respect des règles supplémentaires qu'il impose pour lutter contre l'ABR sera donc intégrée dans ces audits.
Quels suivis et contrôles sur les importations, en particulier sur la viande ?
Isabelle Rouault :
Il y a un volet autorisation du pays/agréments des exportateurs avec des elts documentaires et audits réalisés ds le pays, ensuite des contrôles aux points d'entrée ds l'UE. Pour le moment (le règlement médicament véto entrera en application d'ici 3 ans) ces contrôles à l'entrée, outre les contrôles documentaires, sont axés pour l'aspect pharma sur les résidus, avec un plan de contrôle (prélèvements aléatoires sur 3% des lots) = réalisation de prélèvements et analyse pour recherche de mdmcts interdits ou avec des résidus supérieurs aux LMR. Ces contrôles sont détaillés sur le site du ministère ainsi que les résultats des analyses (bilans des plans de surveillance et de contrôle, qui incluent les importations).
Comment sont rémunérés les vétérinaires de la filière sans ATB ? Contractualisation ? Sur quelles bases ?
Jean-Luc Grandin : (réponses d'OP)
1 - "Par la distribution (vente) de produits alternatifs", par l'analytique (antibiogramme, phytogramme, analyse d'eau, ...) et par la contractualisation d'action de conseil / accompagnement de l'OP et de ses éleveurs. En faisant payer le BSE ; via l'OP le cas échéant"
2- "Il n’y a pas de différence entre la filière standard et la filière sans ATB au niveau rémunération. Les vétérinaires sont payés via les vaccins, auto vaccins, produits alternatifs vendus, les analyses, autopsies effectuées et les BSE/VSA réalisés dans les élevages."
Produire 115% pour vendre 100% de sans ATB, c'est bien, mais que fait-on des 15% ? Qui les paye ? Comment assurer un revenu satisfaisant aux éleveurs de ces 15% ?
Jean-Luc Grandin :
Le surcoût lié à la production des 115% doit être intégré dans la vente des 100%. Ainsi les éleveurs sont payés normalement comme s'ils avaient produits du sans ATB comme cela se produit en filière gras afin d'éviter les "tricheries" ou les défauts de soin.
15% en plus ont volontairement été indiqués, mais les filières qui sont entrées dans ces productions n'en étaient pas là (sous entendu <15%) et sont à zéro au bout de quelques années et sans tricher...
L'utilisation des coccidiostats sélectionne-t-elle des résistances aux antibiotiques ?
Vincent Dedet :
Toute utilisation d’antimicrobien, y compris de biocides, qui exerce une pression de sélection sur une population microbienne, peut sélectionner l’émergence d’un ou plusieurs gènes de résistance au sein de cette population, mais il faut ensuite que ce gène présente un avantage pour cette population pour qu’il s’y maintienne en l’absence de la pression de sélection (quand la molécule disparaît). La réponse courte est donc oui, mais… Car l’impact des coccidiostats sur le résistome est à ce jour estimé minime et non prioritaire au regard des enjeux de santé animale et surtout de santé publique.